Pensines : [...] Certaines pensines de haut niveau sont préférées par des archimages en vacances. Pour écrire leurs cartes postales, ils laissent la plume, en mode automatique, décrire ce qu'ils vivent, et ne la prennent à la main que pour signer. Ces pensines évoquent les images et sensations décrites par l'auteur à son lecteur. (Extrait de La Mémoire des sorts, A. Dumbledore)

« La première fois que je l'ai rencontrée, c'était dans cette boutique de livres. Elle y venait, tout les ans, y faire ses achats pour l'année, mais ça je ne le savais pas encore. Quelqu'un, devant moi, racontait une blague au vendeur, espérant le divertir et avoir une réduction. Elle avait du rentrer après moi dans le magasin, mais je ne l'avais pas vue tout de suite, trop occupé à écouter le client me précédant. Son rire me surprit : un rire cristallin, à gorge déployée, qui explosa dans le magasin dès les derniers mots du blagueur. C'est là que je me suis retourné, et je n'ai pas pu empêcher mes yeux de s'agrandir à la vue de ses dents, ses dents blanches. Blanches comme l'écume des vagues un jour de pluie sur la rade de... mais je m'emporte. Je la fixais, intensément. Jusqu'à ce qu'elle arrête de rire. Elle m'a vu, là, mes yeux grands ouverts, et se mit à rougir, violemment. Elle paya pour ses livres, et s'en alla. Cette vision, très contrastée, de ces dents si blanches, dans ce magasin si sombre, me resta longtemps en tête, avant que je réussisse à me l'avouer : j'étais amoureux d' Hermione. Longtemps, ses dents me réveillèrent la nuit, comme une lueur aveuglante, comme le nez de... Cléopâtre eut impressionné le grand Jules.
Elle était jeune, c'est vrai, mais paraissait déjà si mature... Je n'étais pas si vieux, on aurait presque pu se le permettre. D'ailleurs, je me le suis permis, au point d'entamer une enquête, discrète, mais efficace. Les elfes de maisons ont été mes meilleurs alliés dans cette entreprise : ils sont prêts à tout pour une chaussette. Ils m'ont donné plein d'informations sur Hermione, la plupart, je l'avoue, d'une utilité douteuse. Saviez-vous qu'elle a un taux de midi-chloriens de quarante-deux ? Heureusement, j'ai eu mon lot d'informations intéressantes : elle dort toute nue quand elle se sent en sécurité... Elle se rendait régulièrement dans la librairie où je l'avais rencontrée. C'est comme ça aussi que j'ai appris ses goûts culinaires, vestimentaires et littéraires. Surtout, j'ai appris les événements auxquels elle allait assister. Entre deux compétitions de cuisine et trois concours de lecture, un événement particulier a retenu mon attention : la Coupe du Monde de Quidditch. Si quelqu'un (comme moi) voulait rencontrer discrètement quelqu'un d'autre (comme elle), alors c'était le meilleur endroit.
De loin, heure après heure, je la regardais. Je dois le dire, elle me fascinait, et m'effrayait à la fois. Tenez, juste un exemple : je l'ai observée alors qu'elle mangeait. Quoi de plus naturel que... manger ? Hé bien, chez elle, c'est pas naturel. Ses dents, ses dents ! Elle mangeait une tarte au citron. Une toute petite tarte au citron. Jaune. Jaune comme un champ de blé. Une moissonneuse-batteuse, qui dévorait un champ de blé.
Le pique-nique est fini, j'ai passé ma plume en automatique. Je continue à les suivre, caché sous ma cape d'invisibilité. Harry a bien sûr quelques doutes, je le vois se retourner plusieurs fois comme s'il sentait ma présence. Mes sortilèges et ma cape me protègent bien. Je passe donc la journée avec eux, sur les gradins pour regarder les matchs de quidditch, ou à bonne distance pendant les balades. Ron, qui participait lui aussi aux événements, me paraît un peu distant, comme préoccupé. Le soir venu, alors que je me tiens à côté de leur tente, écoutant et observant, toujours planqué sous ma cape, j'entends la petite voix excitante d'Hermione. Elle aussi, avait remarqué l'attitude distante de Ron, qui s'était presque aggravée pendant le dîner. J'entends Hermione le rejoindre dans sa chambre, et lui demander ce qui ne va pas.
"Dis, Ron, pourquoi t'es si bougon ? Toute la journée, tu n'as pas cessé de faire la tête. Il y a un truc qui ne va pas ?
— Non, rien...
— "Rien" ? Tu te faisais une joie de voir ces matchs. Et ne me dit pas que tout va bien !
— C'est juste... un rêve que j'ai fait, cette nuit...
— Et bien vas-y, continue, je t'écoute, c'était quoi ce rêve ?
— Non, je préfère pas... Tu risquerais de te moquer de moi, je suis sûr.
— Écoute, je te promets de ne pas me moquer.
— En fait... Cette nuit, j'ai rêvé de Poudlard. J'étais convoqué chez Dumbledore, et sa porte était ouverte, j'entendais sa voix derrière. Je me suis approché...
— Et alors ?
— Dumbledore n'était pas seul, dans son bureau, il y avait aussi Rogue. Et... ils s'embrassaient ! A pleine bouche ! "
Hermione garde le silence, elle a l'air troublée.
"Ah... Toi aussi tu as fait ce rêve..."
Je décide à ce moment précis de m'éclipser, pour prendre l'air. Je suis resté assez longtemps caché ou à m'obliger à ne pas faire de bruit. Me détendre un peu les jambes et les idées ne me fera pas de mal. Je pars donc, vers la forêt pas loin. Tout à coup, quelqu'un passe rapidement juste sous mon nez (toujours invisible). Il marche d'un pas rapide, ne se pose pas de question quant à ma présence, trop occupé par autre chose. Il doit être certain qu'aucun magicien ne peut réussir des sorts d'invisibilités comme ceux que j'utilise. C'est un mangemort. Je me décide à le suivre, alerté... et curieux.
Alors qu'il se dirige vers la forêt, une ombre croise mon champ de vision. Je regarde dans la direction de l'ombre, pour apercevoir... un autre mangemort. Il semble aller dans la même direction que le précédent. Quelque chose se prépare, c'est clair. Je dois prévenir les Weasley, et avec eux Hermione, qu'il se trame quelque chose. Eux pourront m'écouter, et sauront prendre les bonnes décisions. Par contre, je ne peux pas apparaître devant eux comme ça, sortant de nulle part. J'enlève ma cape à l'orée de la forêt. Du bruit à côté de moi. Un autre mangemort. Il a dû m'entendre, et en tout cas il m'a vu.
La suite des événements m'apparaît clairement : soit je meurs sous les coups du mangemort, soit je le neutralise et je peux mettre Hermione en sécurité. Il doit penser la même chose, c'est ce que je lis dans ses yeux. Il n'est pas très doué, je pense déjà aux moyens de protéger Hermione. On enchaîne les sorts les uns aux autres, sans répit. Je ne les prononce même pas. Instinctivement, je regarde la tente d'Hermione. Le mangemort murmure, et sa voix me parait amplifiée, décuplée.
"Accio grille d'arbre !"
Câliss. J'aurais préféré mourir avec plus... de panache... eurk. »
L'inspecteur rangea la pensine dans un sac en plastique, et écrivit sur l'étiquette :
« Disparition de Kobayashi, Frédéric. Pièce à conviction N° 00462. »

Ecoutez vite ce magnifique mp3 par Malcom et w3c.

Vous l'attendiez tous, il est enfin en ligne :

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